Berlinale | Critique : Divinely Evil

Wilma Azevedo, 74 ans, est la « reine de la littérature sadomasochiste » du Brésil. Le réalisateur Gustavo Vinagre la rencontre pour qu’elle raconte l’histoire de sa vie…

Divinely Evil
Brésil, 2020
De Gustavo Vinagre

Durée : 1h26

Sortie : –

Note :

MA VRAIE NATURE

Avec Divinely Evil, le cinéastebrésilien Gustavo Vinagre retrouve la recette de ses passionnants portraits queer précédents : I Remember the Crows et A rosaazul de Novalis. C’est à dire une quasi unité de lieu, de temps et d’action : une seule pièce, quelques jours ou nuits de tournage à peine, et face à la caméra, une créature qui déroule le fil de sa vie. Une formule qui laisse toute la place à la parole, ou plutôt à la mise en scène de soi via la parole.

Il y a un décalage sympathique entre cette grande simplicité formelle et les truculentes histoires qu’on nous raconte ici, qu’il s’agisse de tortures sexuelles élaborées (à base de papier de verre ou de sel dans l’urètre !) ou bien d’épisodes rocambolesques où des miliciens pro-dictature se déguisent en apprentis-partouzeurs. Il y a aussi un décalage, plus curieux et plus profond, entre cette simplicité et l’identité réelle de qui nous parle.

Dans son salon aux murs roses fanés, Wilma Azevedo, 74 ans, nous raconte comment elle est devenue la reine du sadomasochisme au Brésil, dans la littérature comme dans la vraie vie. Elle a le sourire en coin et les yeux au ciel des meilleures mamies indignes, et on comprend sans mal le succès de cette conteuse-née. Sauf que Wilma n’existe pas. Elle n’est qu’un pseudo, une création, une créature.

L’héroïne de Divinely Evil nous est présentée deux fois. A mi-parcours, le film s’arrête et recommence. C’est alors Edivina qui, dans le même procédé, va se présenter à nous et nous raconter sa vie une fois sortie de l’ombre de Wilma. S’il est parfois plus anecdotique (mais pas forcément plus sage), ce second portrait rend plus mystérieuse encore la vraie nature de cette dame, créditée 2 fois au générique dans son propre rôle (mais sous ses deux noms différents). A son image, Divinely Evil est un drôle de documentaire qui sait charmer et pourrait tout aussi bien nous mener joyeusement en bateau, pour notre plaisir.

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par Gregory Coutaut

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